Rencontre avec Fanny Guillemain, formatrice ADVP intervenant dans nos formations


Réseau Insertion Egalité :
L’Activation du Développement Vocationnel et Personnel ou ADVP (présentation à télécharger) est une démarche d’accompagnement à l’orientation et à l’insertion professionnelle qui vise avant tout à favoriser l’autonomie des personnes. Pouvez -vous nous expliquer en quoi cette notion d’autonomie structure la démarche et les outils proposés ?
Fanny Guillemain :Originaire du Québec, cette démarche dite éducative repose sur un ensemble structuré de concepts et d’outils dont la finalité est l’autonomie de l’élève dans l’élaboration de ses propres réponses et la mise en place de ses choix d’orientation.
Le présupposé de l’ADVP est qu’il est possible de développer ses habiletés à choisir et donc à s’orienter. Cela implique l’idée que l’élève est capable de se choisir dans l’environnement, le contexte qui est le sien, suivant ses propres critères.
Pour viser cette autonomie, l’objectif va donc être d’identifier où en est l’élève dans le processus d’orientation et de lui proposer des activités, de lui faire vivre des expériences lui permettant d’avancer dans sa réflexion.
Les objectifs et le contenu des activités sont adaptés suivant la réflexion menée par l’élève de sa place dans son parcours d’orientation.
Cadrant sur la forme, le rôle de l’accompagnateur est de soutenir la réflexion de l’élève tout en étant garant de la méthode et du processus, libre sur le fond, cette démarche vise l’appropriation du projet par l’élève à travers ses propres réponses.

RIE : Comment « éduquer au choix » renforce t’il la motivation ? la persévérance de la personne ?
FG :Pour se permettre de se choisir, il faut avoir une estime de soi suffisante, se faire confiance. Si j’ai une mauvaise estime de moi, je ne vais pas m’autoriser à élaborer des concepts de moi positifs. Je vais partir, ou rester dans l’idée que « je suis nulle », que « ça ne sert à rien ».
Entamer ce travail, cette réflexion autour de l’orientation avec l’accord de l’élève, notamment sur la façon dont cela va se dérouler, va être le premier levier.
Par la suite, les activités vont entrainer l’élève à créer, repérer, hiérarchiser, s’informer, décider ce qui parle de lui, ce qui est important pour lui selon ses propres critères. Ce travail va jouer sur la confiance de l’élève dans sa capacité à choisir.
En prenant confiance en lui, l’estime de soi va se renforcer, les élèves vont s’autoriser à construire des concepts d’eux même positifs et donc à faire des liens pour leur avenir en termes d’orientation, de formation, d’emploi.
L’élève étant acteur de la construction de son projet, il sera plus impliqué et motivé à sa réalisation.

RIE :Vous intervenez depuis plus de 5 ans dans des formations à destinations des acteurs de l’orientation dans l’Enseignement Agricole, vous connaissez dons bien notre « identité ». Qu’avez-vous pu repérer dans nos pratiques qui irait dans le sens d’un accompagnement à l’orientation en lien avec une démarche rendant le jeune totalement acteur de son projet ?
FG :Il me semble que les lycées agricoles sont déjà dans cette démarche : l’enseignement y est multiple, accueillant et riche d’apprentissage pour les élèves. Le travail en équipe entre professeurs principaux, professeurs documentalistes, documentalistes et CPE permet un cadre sécurisant dans lequel l’élève peut vivre des expériences dans la bienveillance et l’écoute.
Les moyens alloués sont également un plus : le temps, l’espace, l’accès à l’information.

RIE : Quelles seraient selon vous les pistes à creuser, les thématiques à développer… ?
FG :La thématique de la « Connaissance de soi » me semble primordiale : donner la possibilité aux élèves de récolter de l’information sur eux après chaque cours, les amener à créer, regarder différemment ce qui les entoure. Développer les activités artistiques pour identifier notamment leurs compétences psychosociales.
Partir de l’idée que le passage en lycée agricole va peut-être constituer un moyen pour l’élève d’aboutir à un projet professionnel qui, vu de l’extérieur, n’aura rien à voir avec l’enseignement agricole mais aura du sens pour lui.