Harcèlement: de quoi parle-t-on?


Le harcèlement

Dan Olweus, professeur de psychologie à l'université de Bergen en Norvège, donne dès les années soixante dix la définition suivante du harcèlement scolaire , nommé dans les pays anglo-saxons "school-bullying" : « un élève est victime de harcèlement lorsqu'il est exposé de manière répétée et à long terme, à des actions négatives de la part de un ou plusieurs élèves ».Les formes que peut prendre le school-bullying sont les plus diverses: railleries, surnoms,gestes obscènes,ostracisme,menaces,coups... Mais derrière les formes
multiples que les processus d'intimidation peuvent prendre, on retrouve toujours trois caractéristiques communes.

Répétition, disproportion des forces, intention de nuire

  • Il y a school-bullying, tout d'abord, lorsqu'il y a répétition, lorsque les actions négatives sont
reproduites de façon réitérées et à long terme. On peut rendre la vie d'un enfant insupportable simplement parce que, tous les jours et sur une très longue période, on se moque de lui.

  • La seconde caractéristique du school-bullying consiste en un déséquilibre des forces. Dan Olweus observe que « l'élève visé par les actions négatives a du mal à se défendre et se trouve en quelque sorte démuni face à l'élève (ou aux élèves) qui le harcèle ».L'ostracisme ou l'isolement social, en font expressément partie. Le bullying est un rapport de domination, c’est un abus de pouvoir. Il a donc lieu dans une relation qui réunit soit les plus nombreux contre ceux qui sont isolés, soit les plus forts contre les plus faibles ou encore les plus âgés contre les plus jeunes. Cette prise de pouvoir peut être physique (les coups), elle peut être verbale (les surnoms, les moqueries, les insultes), elle peut aussi revêtir un caractère plus sournois (les rumeurs, les processus d'isolement de la victime).

  • La troisième caractéristique constitutive du school-bullying réside dans l’intention délibérée qu’a l’agresseur de nuire à sa victime. Très souvent, lorsqu’ils sont mis au jour, les actes de harcèlement sont présentés par leurs auteurs comme de simples jeux à caractère inoffensif.C’est, en effet, souvent sur un mode ludique et dans une relation au sein de laquelle le rire occupe une grande place, que commence un phénomène de harcèlement. Aussi est-il tout à fait possiblequ’il ne soit pas à son commencement reconnu par ses auteurs comme blessant ou malveillant.Mais dés lors que le processus s’installe dans la longue durée, les agresseurs ne peuvent plus ignorer qu’ils font souffrir leur victime. Les observations faites par la plupart des auteurs, montrent que l’agresseur sait pertinemment qu’il fait souffrir sa victime et que, dans certains cas, c’est précisément parce qu’il sait qu’il fait mal qu’il réitère ses agressions.

Une relation triangulaire
Le school-bullying se distingue des autres formes de harcèlement – comme par exemple celui
existant dans le cadre professionnel ou familial – par le fait qu’il est presque toujours un
phénomène de groupe
. Il est très rare de le voir se développer dans le cadre fermé d’une relation
duale. La présence du groupe semble même être l’une des conditions nécessaire à son existence.
On peut ainsi représenter un phénomène de harcèlement sous la forme d'une relation triangulaire
réunissant un harceleur, une victime et un groupe de pair


- À l’école, elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves qui se fondent sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques d’une personne qui ne peut se défendre (l’apparence physique, le sexe, le handicap, un centre d’intérêt original, etc.). (OU PAS….)

- Ce rapport de force et de domination, ainsi que la régularité des agressions dans le temps, participent à l’isolement de la victime.

Le cyber harcèlement

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cyber
C'est une forme plus « récente » de harcèlement reposant sur l'usage d'internet et des nouvelles technologies de communication (réseaux sociaux, téléphones portables, blogs, e-mails). Ce type de harcèlement est favorisé par l'anonymat et l'absence de contrôle d'identité qui permettent aux harceleurs d'agir en toute discrétion.
  • Il se concrétise par la réception répétée de messages provenant de différentes sourcesetprend différentes formes : usurpation d’identité, violence verbale (insultes, moqueries), violence sexuelle (envoi de photos choquantes ou diffusion non consentie de photos intimes), agressions physiques filmées et partagées sur les réseaux sociaux.

Bien que la continuité entre harcèlement scolaire et cyberharcèlement ne soit pas toujours systématique, les agresseurs et les victimes sont tout de même souvent impliqués « hors ligne » et « en ligne » (dans 30 à 70 % des cas, selon les études).

En contexte numérique, on retrouve les « suiveurs » qui participent aux méfaits en likant, partageant ou commentant les contenus, ainsi que les « témoins passifs », qui en prennent connaissance, mais restent silencieux. D’autres parties prenantes font également leur apparition, rendant l’analyse du phénomène plus complexe (Bellon, Gardette, 2017) :

  • des élèves harcelés qui se servent de leurs compétences informatiques pour se venger de leurs harceleurs alors qu’ils ne riposteraient jamais « hors ligne » ;

  • des élèves qui ne sont pas harcelés mais qui se servent de leurs compétences informatiques pour venger les victimes et punir les harceleurs ;

  • des élèves qui se désinhibent et se métamorphosent derrière leur écran et se livrent à des actions qu’ils s’interdiraient totalement par ailleurs ;

  • tous ceux qui publient ou relayent un contenu par mégarde, par inadvertance, ou sur le feu de l’action, sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences de leur « clic » (« liker, c’est déjà harceler », comme le soulignait le slogan de la deuxième journée de mobilisation nationale contre le harcèlement scolaire).

À ces quatre « profils » s’ajoutent aussi des personnes qui participent aux attaques – en relayant ou commentant les contenus – mais qui sont pourtant totalement extérieures à l’établissement scolaire de la victime et de ses agresseurs, voire qui ne les connaissent même pas. Cependant, de manière générale, la cyberviolence est avant tout une violence de proximité, exercée par des camarades de classe, par des ami·e·s ou par des ex petit·e·s-ami·e·s de la victime.

Selon les derniers chiffres

5% à 6% des élèves (rapport du Sénat-26/01/2023) en seraient victimes mais les associations et les spécialistes estiment que ce chiffre s’élèverait en réalité à 10%, soit 800 000 à un million d'élèves …(il s’agit là de harcèlement « sévère »)
Une récente étude de l'IFOP explique que ces violences auraient lieu majoritairement au collège (54%) mais elles ont aussi lieu en primaire (23%) et au lycée (13%)

1 élève sur 10 en France
1 élève sur 30 dans les pays Scandinaves,
1 élève sur 20 en Suisse, Allemagne, Irlande, Angleterre, Pays-Bas, Autriche...
La France est à la 13ème place sur 19 des pays européens étudiés
régulièrement. (Source : 1ère assise du harcèlement/ Lyon – mars 2019)