Comment favoriser l'engagement des jeunes ?


Témoignage à trois voix sur la question de l'engagement, la dynamique de projet et de réseau d'Ecoresponsables, le lien avec l'unité facultative « engagement citoyen", l'impact sur les choix d'orientation et d'insertion professionnelle.

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Entretien avec Florent DIONIZY, chargé de mission développement durable et agenda 21 pour l'EPLEFPA de Nantes Terre Atlantique â?? multi-sites : Saint Herblain, Nantes, Nozay, Guérande.
Michaël HENAFF, jeune engagé dans le cadre du service civique
Loar LEGENDRE-CHEVAL, élève de Terminale Sciences et technologies de l'agronomie et du vivant-Productions agricoles et écoresponsable

Depuis 2007, l'EPLEFPA (Etablissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole) a fait le choix d'impliquer très fortement son action dans la thématique du développement durable (DD) /Agenda 21, en favorisant et valorisant l'engagement des jeunes.
Recruté pour développer en interne et en externe une dynamique de Développement Durable qui comprend un réseau d'écoresponsables mais aussi pour faire le lien entre les équipes et partenaires autour des projets en lien avec le sujet, Florent DIONIZY propose des leviers qui font émerger l'envie de faire ensemble.

Comment et pourquoi s'engager ?

Florent DIONIZY : « Tout d'abord, au-delà de l'état des lieux et diagnostic précédant toute mise en projet, nous nous sommes interrogés sur notre propre engagement. Nous demandons aux jeunes de s'investir mais que font les adultes ? Sommes-nous bénévoles, inscrits dans l'action de structures associatives ? La question de l'exemplarité est posée.

Ensuite, nous avons dédié un temps partagé à cette question de l'engagement : une fois par semaine, une heure est réservée à l'emploi du temps pour échanger principalement sur cette thématique et en comprendre les enjeux. Au-delà de l'éco-geste, nous avons ensemble une réflexion poussée sur la notion d'engagement. De plus, nous avons fait le choix de ne pas procéder à des élections de jeunes écoresponsables mais de faire appel au volontariat afin que le terme « engagement » prenne tout son sens. Ainsi, progressivement, les jeunes ont pris conscience de leur potentiel champ d'action.

Dans un premier temps, ils ont été associés à des projets proposés par l'EPL puis ont pris le relais, ont décidé d'être initiateurs et personnes-ressource sur le sujet. Leur action s'étend jusqu'à la recherche de moyens, mon rôle étant de les aider à comprendre le contexte, les étapes de la construction d'un projet, de les appuyer dans la recherche de financements mais aussi de faire le lien avec leur scolarité, leur formation ».


Loar LEGENDRE-CHEVAL : « J'ai découvert l'action des écoresponsables lors des journées portes ouvertes du lycée de Saint Herblain, avant même d'intégrer l'établissement et je suis engagée depuis la classe de seconde Générale et Technologique. Depuis que je suis majeure, je suis également présidente de l'ALESA (association des lycéens, étudiants et stagiaires agricole). Ce qui est important à mon sens est de pouvoir créer de la cohésion dans l'école, pouvoir faire se rencontrer des personnes, organiser des évènements. Pour cela, j'assiste à deux réunions par semaine, l'une pour l'ALESA, l'autre pour les écoresponsables : l'intérêt est que la parole de tous et de chacun soit entendue. En général, en dehors de ces temps-là, motiver les autres jeunes est difficile, ils voudraient tout, tout de suite. »

Comment étendre la dynamique interne à l'extérieur de l'EPL ?

L' action des écoresponsables est intégrée au projet de l'EPL : les jeunes sont invités par le chef d'établissement à titre consultatif aux différents conseils, un conseil d'administration particulier est consacré au développement durable (bilan développement durable et coopération).

« Il est important pour les élèves de pouvoir apporter leur vision des choses pendant les conseils, d'autant plus que l'on est interne dans l'établissementâ?¦on passe du temps au lycée » ajoute Loar L-C.

L'implication de ces apprenants s'étend par ailleurs à une participation active aux journées des écoresponsables organisées par le Réseau national EDD (Education au Développement Durable) en 2018. Loar L-C fait partie du comité de pilotage qui travaille à la mise en place de cet évènement.
Un lien est également établi avec la Région Pays de Loire les sollicitant pour apporter des témoignages sur leurs projets.

Et l'unité facultative « engagement citoyen » ?

Cette année, une quarantaine de jeunes écoresponsables actifs tous niveaux confondus participent à la vie de l'EPL et 22 élèves de classe de terminale ont choisi de s'inscrire à l'unité facultative « engagement citoyen » proposée depuis la rentrée.

« Depuis le temps que je suis engagée, je trouve là une façon de valoriser ce que je fais, c'est une reconnaissance. J'espère aussi que je pourrai me servir aussi de cette reconnaissance de mon action auprès d'un futur employeur » souligne Loar L-C.

Quel est l'impact de cet engagement sur les choix d'orientation et l'insertion professionnelle des jeunes écoresponsables ?
Loar L-C souhaitait devenir vétérinaire avant de rejoindre les écoresponsables . Aujourd'hui, si elle n'a pas encore choisi précisément un métier, elle sait qu'elle veut agir pour changer « les choses », à plus grande échelle. Après le bac, elle suivra un BTS Développement, Animation des Territoires Ruraux avant de rejoindre le Québec pour une spécialisation de technicienne des milieux ruraux.

A l'issue de leur scolarité, certains confirment cet engagement sur le long terme puisqu'un nombre conséquent d'anciens apprenants réinvestissent leurs compétences lorsqu'ils sont salariés et/ou bénévoles d'associations ou encore élus de collectivités. Ils pensent à inclure la dimension du développement durable dans le cadre de leurs fonctions.
F.D « Citons l'exemple d'Andy BUSSON, ancien BTS Sciences et Technologies des Aliments, aujourd'hui salarié d'une entreprise d'agroalimentaire : après qu'il se soit engagé dans un projet développant le commerce équitable avec le Cameroun autour de la filière cacao, il a ensuite proposé une continuité de l'action à son actuel employeur, qui a accepté de le suivre dans sa démarche. »

Projet KEKA WONGAN mené au Cameroun

Regard sur le parcours de Michaël HENAFF, ancien élève de l'enseignement agricole et engagé en qualité de service civique dans l'établissement.

Michaël HENAFF s'est inscrit en seconde GT option EATDD (Ecologie, agronomie, territoire et développement durable) au lycée de Saint Herblain pour devenir à terme paysagiste, métier envisagé depuis le collège. Il a aussitôt rejoint le groupe d'écoresponsables du lycée, « capté par la palette de projets en cours, s'inscrivant au-delà de la lutte contre le gaspillage alimentaire, sans pour autant critiquer cette action ».
Michaël est présent au démarrage de l'action menée au Cameroun sur la filière cacao et à toutes les étapes qui suivront, articulant scolarité et investissement dans le projet, notamment sa période de stage de BTS. Ainsi, il a pu participer à la création d'un atelier de transformation du chocolat et choisir comme « situation professionnelle vécue », la création d'un évènement promotionnel du commerce équitable.

« Cet engagement a ouvert un champ de possibilités pour l'orientation. Je n'ai pas retenu l'idée de faire un BTS Aménagement paysager après mon bac Sciences et technologies de l'agronomie et du vivant option Aménagement et Valorisation des Espaces. J'ai opté pour un BTS DATR qui répondait davantage à mes aspirations et aux compétences que je souhaitais continuer à développer ».

Aujourd'hui, après avoir validé une licence professionnelle "Management projet" axé sur le développement durable à l'IUT d'Aix-Marseille, il a rejoint l'équipe du lycée de Saint-Herblain pour à son tour accompagner les jeunes écoresponsables à raison de 24 heures par semaine. En parallèle, il continue de développer son réseau en travaillant pour une SCOP (société coopérative et participative) en charge de créer un restaurant solidaire.
« Ces anciens écoresponsables sont aussi fédérateurs et suscitent l'envie de s'engager chez nos jeunes » conclut Florent DIONIZY. Le réseau s'étend donc bien au-delà de l'EPL.

Découvrir les projets des écoresponsables sur le site Nantes Terre Atlantique.fr

Propos recueillis par Géraldine COULON
Contacts : florent.dionizy@educagri.fr
michael.henaff@educagri.fr

- Publié en mars 2018 -