1er concours régional d'éloquence en région Ile de France


Le 11 avril, c'est sur le thème de « L'Europe : quel avenir ? » que les élèves les établissements agricoles publics d'Ile de France ont été invités à plaider dans le cadre du 1er concours régional d'éloquence organisé par la DRIAAF (Direction régionale et interdépartementale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt). Parmi les 13 élèves se succédant sur scène, Amina et Anne-Marie ont choisi de travailler le sujet de l'égalité femmes-hommes :

"Ce qui a été le déclencheur et ce qui nous a motivé pour cet engagement, c'est de ne plus supporter d'entendre que les femmes sont moins payées que les hommes encore aujourd'hui ! "

Accompagnées pendant plusieurs semaines par leur professeur de Français, M. Dieng et un comédien les aidant à valoriser leur propos, la prestation des deux lycéennes intitulée "Egalité femmes-hommes, est-ce réellement un enjeu européen ?"a été saluée par un jury composé d'un membre de la direction générale « agriculture et développement rural » à la Commission européenne à Bruxelles, d'une journaliste, d'un jeune élu au conseil régional des élèves et étudiants de l'enseignement agricole, de la chargé de mission insertion-égalité de la DRIAAF et de l'animatrice du réseau insertion-égalité.


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Prix spécial du jury : Anne-Marie & Amina, élèves en 1ère S et 1ère STAV au Legta de Saint-Germain-en-Laye.
Le concours s'est déroulé "Aux Grands Voisins", dans l'enceinte de l'ancien Hôpital Saint-Vincent-de-Paul avenue Denfert-Rochereau, un lieu associatif solidaire et partagé offrant de nombreux espaces d'expression.

Avant le grand jour, comment amener les jeunes à s'engager ?


L'évènement organisé par Paquita GASQUEZ, chargée de mission régionale à la DRIAAF, est l'aboutissement d'un projet lancé au mois d'octobre 2018.

Comme elle nous l'explique, "le réseau impliqué dans les actions « Valeurs et Citoyenneté » a, depuis le début, choisi de mener des actions innovantes. Dans ce cadre, la participation des jeunes, de la conception jusqu'à la réalisation, est largement sollicitée.
C'est pourquoi, un regroupement de jeunes "prêts à s'engager" des EPL/EPN est prévu chaque année scolaire. Ceux-ci apprécient particulièrement les échanges entre pairs des différents établissements et, forts de cette richesse ils ont à concevoir, avec leurs enseignants, des actions locales.
Pour cette année scolaire, 4 actions sont retenues dont le concours d'éloquence sur le thème de l'Europe".

2019, année d'élection du parlement européen, l'occasion d'éduquer les jeunes et de les impliquer dans une action en lien avec la thématique.

"Tout d'abord, une présentation du film réalisé lors de la 1ère édition des plaidoiries citoyennes de l'enseignement agricole en février 2018 a eu lieu en grand groupe.
Après échanges avec la salle, les jeunes volontaires à la conception de cette action ont réfléchi avec un enseignant d'histoire-géographie et l'animatrice du réseau insertion-égalité. Lors de cet atelier, Ies participant.es ont listé les thèmes concernant l'Europe
â?¢ Environnement
â?¢ Patrimoine
â?¢ Agriculture
â?¢ Egalité Femme/Homme
â?¢ Education


"Bonjour mesdames et messieurs,
Nous nous présentons: nous sommes des élèves de 1ère et venons du lycée Agricole et Horticole de Saint Germain en Laye. Encadrées par notre professeur de français M. Dieng, nous venons vous présenter une thématique qui nous a toujours préoccupées: la place de l'égalité fille/garçon dans l'espace européen, et plus précisément en France.

En effet, ce phénomène, on le subit depuis notre naissance avec des clichés comme la distinction des couleurs: une fille a une chambre rose et, un garçon, une chambre bleue. Vous vous dites sans doute qu'il ne s'agit pas d'une inégalité. Vous avez bien raison! Mais vous n'allez pas nier le fait que l'on n'attend pas la même chose d'une fille que d'un garçon. En effet, on va souvent entendre une personne dire à un garçon: «soit plus courageux», « soit un homme» ou encore «arrête de pleurer, tu n'es pas une fille!» comme si un garçon n'avait pas le droit de pleurer, ce qui est totalement absurde! Toutes ces petites choses creuse des écarts entre les genres, et ce, dès notre enfance par le biais de l'éducation.

De plus, mesdames et messieurs, c'est une situation qui ne s'arrange pas plus à l'âge adulte, notamment dans le monde du travail car, comme vous le savez sûrement, une femme est moins payée qu'un homme, et ce, même s'ils font le même travail. En effet, mesdames et messieurs, en France, suite à des études publiées par Eurostat, en 2015, les femmes gagnaient 15,7% de moins que les hommes par an et, ce à cause de plusieurs soit disant facteurs tels que les femmes sont moins présentes que les hommes dans les secteurs d'activités où les salaires moyens sont les plus élevés. C'est scandaleux!
Pourtant, la loi de 1957 dit que, je cite: â??chaque Etat membre assure l'application du principe de l'égalité des rémunérations entre travailleurs masculins et travailleurs féminins pour un même travail ou un travail de même valeurâ?. 58 ans après, les femmes françaises gagnent entre 10 et 20% de moins que les hommes. Est-ce normal? Que fait l'Europe pour essayer de résorber cette problématique? Pas grand chose à ce que je vois.

Et pendant ce temps là, pendant que les femmes françaises travaillent bénévolement afin de revendiquer leur droit, d'autres pays tels que l'Italie ou encore le Luxembourg ne prennent pas cette situation à la légère et luttent contre ces inégalités que nous venons vous présenter. Ainsi, mesdames et messieurs, ce sont les pays les plus avancés en terme de réduction d'écart de salaire avec un écart salariale de seulement 5,5%
Mesdames et messieurs, malheureusement, ce n'est qu'une partie de notre problème. En effet, vient le problème du congé de paternité car, en France, le congé de maternité est d'environ 16 semaines tandis que le congé de paternité, lui, ne dure que 2 semaines. Vous allez sûrement me dire : « oui mais une loi passée en avril 2017 approuve la création d'un congé de paternité de 10 jours minimum pour toute l'Union Européenne ». Effectivement, je suis entièrement d'accord avec vous. C'est d'ailleurs une révolution pour des pays membres tels que l'Allemagne, la Croatie ou la Slovaquie. Par contre, pour la plupart des pays, cette nouvelle disposition n'apporte peu voire aucune modification. De plus, de nombreux pères français ne profitent pas de leur congé paternité à cause du niveau insuffisant d'indemnisation. En effet, mesdames et messieurs, les chefs d'états font preuve de mauvaise volonté derrière leurs beaux discours. Ainsi, face à la proposition sur le fait que les hommes auraient une rémunération des jours de congé sur la base des jours de congés maladie, notre président même a déclaré devant le parlement Européen le 17 avril 2018, je cite :"Il faut travailler sur la proposition, j'en approuve les principes, mais c'est une belle idée qui peut coûter très cher et finir par être insoutenable !â?
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve cela incroyable de favoriser autant l'économie au dépend du bien de la société et de la lutte contre les inégalités. Je vous pose une nouvelle fois la question : que fait l'Europe face à cette lamentable situation?
Pendant ce temps là, pendant que la France peine à se développer, d'autres pays européens tels que l'Espagne ont adopté des congés de maternité et de paternité à durée égale : ils s'étendent sur 16 semaines, soit 112 jours en cas de naissance, bien évidemment, mais également en cas d'adoption ou d'accueil d'un enfant et ils sont rémunérés à 100%. Comme quoi, ce n'est pas impossible. De la même façon, en Suède, les deux parents disposent de 480 jours chacun.
C'est pourquoi, mesdames et messieurs, nous proposons que, concernant les inégalités salariales, la France se calque sur le fonctionnement luxembourgeois. En effet, au Luxembourg, les différences salariales sont considérées comme étant des infractions. Par conséquent, l'employeur risque une amende si jamais il ne respecte pas les égalités salariales. Puis, concernant les inégalités entre les congés de maternité et de paternité, nous proposons que la France se calque sur le modèle islandais. Effectivement, en Islande a été mis en place un système égalitaire, le plus égalitaire d'Europe. Il propose aux nouveaux parents un congé parental de 9 mois dont un tiers est réservé à la mère, un autre réservé au père et le dernier est partageable entre les deux parents avant les 18 mois de l'enfant et ils sont rémunérés à entre 75 et 80% ce qui est vraiment formidable.
Après tout, tout progrès véritable exige une stratégie d'ensemble qui assure une cohérence aux actions mise en œuvre et engage une chaîne de responsabilités. En effet, que peuvent les acteurs éducatifs pour orienter les élèves sans préjugé de sexe, si les media reproduisent jour après jour les mêmes stéréotypes ? Que peuvent les organisations syndicales sur l'organisation du travail si la formation des managers continue à ignorer la question de l'égalité femmes-hommes? Que peuvent les lois sur l'égalité professionnelle si les tâches domestiques au sein des couples restent l'apanage des femmes ?
Mesdames et messieurs, après tout ce que l'on vous a dit, vous avez sûrement dû vous rendre compte de l'urgence de la situation et qu'il faut absolument que VOUS fassiez quelque chose, que NOUS fassions quelque chose. C'est pourquoi, je vous invite à prendre conscience de l'urgence de la situation et à nous suivre dans cette lutte contre les inégalités femme/homme car cela ne peut plus durer.
CELA NE CONSERNE PAS QUE CETTE GENERATION MAIS CELLE QUI VIENT, CELLE DE NOS ENFANTS. Luttons ensemble car c'est l'avenir nos enfants qu'on parle. La clé se trouve devant vous et VOUS êtes la clé. LE PLAT EST SERVI.

Merci de nous avoir écoutées."


Contact : francoise.gasquez@educagri.fr